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Fin Septembre je vous parlais du sentiment de l'institutrice concernant Petit Loulou, 6 ans, en CP depuis Septembre et dont elle nous avait fait part lors d'un rendez-vous. Elle avait évoqué l'idée qu'il puisse être à haut potentiel et nous avait proposé de lui donner davantage de travail en classe de façon à ce qu'il ne s'ennuie pas, tout en nous conseillant de le "faire tester". Nous avons rencontré depuis une psychologue qui a pu lui faire passer une évaluation, le fameux test de QI et le verdict est sans appel : notre fils n'est pas un enfant à haut potentiel mais à très haut potentiel, c'est comme ça qu'on appelle les enfants ayant un QI supérieur à 140.
Voilà voilà voilà ça c'est fait. Je ne vous explique pas la douche froide. La veille de l'évaluation nous nous disions encore avec chéri-chéri à quel point nous n'y croyions pas une seconde pour telle et telle raison. Impossible. Impensable. Pas envie d'y croire sans nul doute. Alors attention je ne suis pas entrain de dire que c'est une catastrophe ou que c'est atroce, loin de là, d'après la psychologue c'est même une chance mais je ne peux pas non plus dire que je partage son avis à 100%.
L'intelligence n'est pas une maladie évidemment, c'est même un cadeau et c'est en cela que les gens imaginent de prime abord que c'est une chance inouïe que d'être à haut potentiel, un peu comme moi il y a quelques semaines encore. Sauf que le fait d'être à haut potentiel ne signifie pas que l'enfant est particulièrement intelligent ou plutôt si et c'est le terme "particulièrement" qui est intéressant et qu'il faut retenir. En effet l'enfant a de grandes capacités intellectuelles et capte rapidement les choses mais cela veut surtout dire qu'il a un mode de fonctionnement, de pensée et de réflexion différent. C'est en cela que nombre d'enfants HP rencontrent des difficultés scolaires, parce que le système éducatif n'est pas adapté à leur "logique".
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Plus que quantitativement plus intelligent, il a surtout une intelligence qualitativement différente, on parle de pensée en arborescence chez eux L'enfant à haut potentiel n'est pas un petit génie, il n'est pas intellectuellement supérieur ou surdoué comme on aimait à le dire il y a quelques années. Il a "simplement" une aisance à s'approprier des connaissances par ses propres moyens du fait d'une grande curiosité, comme la lecture qui met bien souvent les instituteurs sur la voie. ( une idée en entraînant une autre très rapidement) et de pensée séquentielle chez nous.
Je vous disais plus haut que je ne partage pas l'avis de la psychologue quand elle nous a parlé de chance. Bien sûr que ce n'est pas une tare et tous les les enfants HP ou THP ne rencontrent pas de difficultés scolaires, d'autant moins quand on a identifié la situation et qu'on est à même d'être à l'écoute et d'anticiper les éventuels problèmes. Mais qui dit enfant à haut potentiel dit enfant avec des capacités sensorielles au dessus de la normale, quand la psychologue nous expliquait cela on avait l'impression qu'elle parlait d'un super héros avec tous ses sens particulièrement développés et en éveil.
Ce sont des enfants dotés d'une immense sensibilité, avec une émotivité exacerbée, qui ont la capacité de ressentir avec une acuité extrême les émotions des autres, les soucis de papa, le mal être de l'institutrice ou le fait qu'elle ne l'aime pas. Le Professeur Revol, chef de service en neuropsychiatrie de l'enfant à Lyon, les a d'ailleurs baptisé les enfants sentinelles. Et qui dit hypersensible dit aussi difficulté à gérer ses émotions. Petit Loulou a énormément de mal à gérer sa frustration, les refus et le fait de devoir attendre (il veut tout tout de suite) et se met en colère très facilement et très fort. Il ne supporte pas les contraintes, les gestes du quotidien sont pour lui une perte de temps, comme se laver les dents ou se mettre en pyjama et c'est à chaque fois un véritable calvaire pour le faire obéir.
Les crises de nerfs sont régulières à la maison et rien ne sert de le prendre de façon frontale au contraire cela ne fait qu'empirer la situation, il se braque, crie ou se jette par terre. Il faut tout expliquer, justifier et recommencer dès le lendemain comme s'il avait oublié. Impossible de simplement lui dire "c'est comme ça je suis ta mère tu ne discutes pas", c'est totalement stérile et la psychologue nous l'a déconseillé. Les choses pour lui doivent avoir du sens. Il est donc bien plus constructif de prendre le temps de lui expliquer pourquoi il est nécessaire de se brosser les dents par exemple, il paraît que ça finit par rentrer... Avec Petit Loulou tout est également prétexte à négociation, la douche qu'on peut zapper, la chambre qui n'a selon lui pas besoin d'être rangée, il argumente sans cesse, pour la moindre petite chose sans importance, il veut le contrôle, c'est aussi pour cela qu'il n'accepte pas les règles.
Mais plus que les autres enfants encore l'enfant à haut potentiel a besoin de cadres, qu'on lui fixe des limites puisque c'est un enfant insécure. C'est sa compréhension du monde qui le rend anxieux, nous devons nous parents être capables de l'envoyer se coucher ou mettre la table et ne pas lâcher l'affaire, sinon comment le rassurer et faire en sorte qu'il se sente protégé s'il se rend compte qu'on n'arrive même pas à avoir "le dessus" sur lui pour des choses aussi simples?
Source : http://www.cogitoz.com/PI.aspx?PLinkId=30&PT=100
Une chance inouïe donc ? Pour moi, maman, je ne dirais pas ça non, c'est épuisant, j'ai même parfois l'impression de devenir complètement dingue tant il me pousse à bout et ne lâche rien (pour papa c'est pareil). Que de prises de tête. Combien de fois ai je pensé "mais bon sang il est intelligent il devrait comprendre :
- que ça ne sert à rien de négocier puisque je ne cède pas.
- que ça prendrait moins de temps d'accepter tout de suite de faire ce que je lui demande.
- qu'il va finir par se faire punir ou disputer". Mais non ce n'est pas comme cela que ça marche. Malheureusement. Les moments de douceur sont rares.
Une chance inouïe pour lui ? Je ne sais pas trop encore, la psychologue nous a dit qu'il n'allait pas tarder à s'ennuyer si ce n'était pas déjà le cas sans qu'il en ait conscience. Pour le moment il reste en CP, il s'y sent bien, adore ses copains et la maîtresse qui s'occupe bien de lui et est une personne bienveillante. Nous souhaitons qu'il garde cet équilibre, nous devons également gérer son traitement en hormone de croissance (imaginez comme il apprécie cette nouvelle contrainte quotidienne), chaque chose en son temps. Un équilibre est si difficile à trouver.
Nous devons y aller petit à petit, ne rien brusquer, retrouver un peu de calme et de sérénité, nous remettre en question, nous adapter, trouver un nouveau mode d'éducation*, c'est évidemment plus "facile" d'élever et d'éduquer un enfant "facile", même si aucun parent n'a jamais le mode d'emploi, mais nous trouverons et même s'il y a des couacs, parce qu'il y en aura encore et encore, nous ferons tout pour qu'il se sente compris, toujours, mais surtout soutenu parce que c'est primordial. Voilà un nouveau défi que nous ne pouvons qu'accepter mais il est vrai qu'après le TDAH de Petit Ado nous aspirions à un peu plus de tranquillité. Ainsi va la vie :-)
* si vous êtes parent d'enfant HPI ou THPI n'hésitez pas à partager les choses qui fonctionnent bien pour réussir à se faire entendre, à calmer les crises, en terme d'organisation... je suis toute ouïe évidemmen t.