Cet article est en préparation depuis fort longtemps et fut difficile à " accoucher " car il est assez personnel et n'engage que moi. Je me demande souvent pourquoi et après quoi je cours. Cette course quotidienne et interminable qui me fatigue et m'empêche de prendre du recul sur le monde. J'observe autour de moi. Et, je vois que mes amies, collègues et presque toutes les femmes en général sont aussi engagées dans cette même course effrénée. Il y a celles qui font tout bien, tout organisé. Ce sont les sprinteuses. Il y a celles qui veulent tout faire vite mais qui ne sont pas très organisées. Du coup, elles courent, elles courent, mais elles doivent faire face aux obstacles non prévus, ce qui les ralenti et les frustrent pas mal. On peut les appeler les sprinteuses d'obstacles. Il y a aussi celles qui prennent un peu plus le temps parce qu'en cours de réalisation d'une action, elles se dispersent et en font plus ou moins que prévu. Mais du coup, celles-ci courent tout le temps, longtemps. Une idée en entraînant une autre ça ne s'arrête jamais de tourner là-haut. Ce sont les coureuses de fond. Et, puis, il y en a forcément d'autres. On ne rentre pas toutes dans des cases et heureusement.
Mais dans tous les cas, on est toutes débordées, chacune à notre manière, que l'on soit sprinteuse, sprinteuse d'obstacles ou coureuse de fond. Nous sommes une génération en quête de toujours plus. Toujours plus de quoi ? Et bien là, je te fais un " pout " avec la bouche car je n'en sais strictement rien. Mais si tu analyses un petit peu autour de toi, il y tout de même des raisons d'être essoufflée.
Personnellement, ce qui m'épuise c'est cette sensation d'inachevé permanente, de faire tout " à l'arrache ", comment on le dit bien souvent. Il y a toujours quelques choses que je n'ai pas eu le temps de faire, c'est frustrant. Alors que, si on analyse la situation cela n'a jamais de conséquence catastrophique. Mais alors ? Pourquoi continuer à courir, stresser ?
Ma génération, celle des trentenaires, a grandit dans une société de perfection gouvernée par l'image. On en revient au il faut que tu fasses tout et bien, que tu aies une éducation bienveillante envers tes enfants, tu travailles beaucoup pour avoir de la reconnaissance, tu sois lookée pour être crédible, tu mènes une vie saine en mangeant bio et en faisant du sport et puis, s'il te plaît ne pollue pas la planète.
Le contexte économique ne nous aide pas non plus. On ne remplace plus les départs, on fonctionne à effectif minimum, on fait tout sous pression. On te donne des responsabilités, on te les reprends et après on te les redonnes... Tu es joignable tout le temps, partout, pas de coupure...Paf, allez continue à courir encore...
Je vais en rajouter une petite couche sur la place de la femme dans la société. Les hommes sont formidables et impliqués dans la vie de famille et c'est merveilleux. C'était beaucoup moins le cas de nos mères et grand-mères. Mais... oui désolée... La mama reste la tour de contrôle de la maison en matière de gestion des tâches ménagères et administratives. Que l'homme qui connaît la taille de chaussettes et de slip de ses enfants soit couvert d'or ! Bon, a contrario, je ne sais toujours pas comment faire fonctionner une tondeuse.
Bref... Que faire pour être plus sereine ??? Plus facile à dire qu'à faire. On le sait, il faut prioriser, dédramatiser et déconnecter les sphères privées et personnelles. Gningningnin...
Mais voilà, l'actualité de ces dernières semaines aussi triste soit-elle, donne à réfléchir. TN'est-ce pas un peu superficiel de se plaindre de cette vie ? Car si on fait le bilan des courses : nous ne sommes pas si malheureux. Cette vie à 100 à l'heure, faite de liberté de penser et d'agir, on l'aime quand même.
La vie est un sport ! Have fun !
Dame Fanny