llustration : Dessin de Melaka
Un adolescent est un être humain qui n'est plus tout à fait un enfant, mais pas encore un adulte non plus. On sait bien de quoi il s'agit, on est toutes et tous passés par là et c'est bien loin d'être un long fleuve tranquille. On morfle à cette période de notre vie. L'ado se trouve en manque de repères mais n'accepte pas pour autant le mode de vie et les règles de vie que lui proposent ses parents. Rien ne va, "on ne peut pas comprendre", suivi d'une porte qui claque. On a tous le cliché de l'ado en colère en tête. Pour un adolescent, comme pour un enfant, se retrouver face à une limite est quelque chose de profondément rassurant donc vital. Cela s'apparente un peu à la phase du NON vers 2 ans, le tout petit apprend les limites et la frustration. Et c'est dur pour lui.
Rien n'est plus inquiétant et déstabilisant pour un enfant/un adolescent que de ne pas sentir la "réponse" de l'adulte à l'instant où il transgresse. Il est perdu, livré à lui même. Sans limites l'enfant va chercher à provoquer pour en quelque sorte combler cette "solitude". Sa provocation n'aura de cesse de s'accentuer si elle ne trouve pas de répondant, parce que l'enfant/l'adolescent aura constamment besoin de mesurer son pouvoir sur l'adulte. Ce n'est pas en lassant couler, en laissant les choses se "tasser" que la situation s'arrangera. Jamais. Au contraire !
On a parfois du mal à poser ces limites, c'est souvent la peur de ne pas être aimé qui nous met dans cette position, la peur du conflit. Dans notre cas je crois que ce qui a bloqué c'est le fait que mon fils ait un TDAH, on a mis son récent comportement sur le dos de son trouble un long moment en plus du fait qu'il ait perdu son papa, que ce soit un beau-père et non un père en face de lui. Le problème venait il du fait qu'il n'aimait pas son beau-père, comme il avait pu me le dire à plusieurs reprises? Du fait qu'ils n'aient pas vraiment de centres d'intérêt communs, et des personnalités totalement différentes ? Ou peut être même la peur de trahir son père en aimant l'amoureux de sa maman? Nous n'avons pas identifié la crise d'adolescence en tant que telle.
Et pourtant, le problème est EXACTEMENT là, amplifié par son TDAH et la perte de son papa certes, mais il est surtout en pleine crise d'adolescence. Il se mesure, cherche l'affrontement, les limites pour se construire et devenir un homme. Il faut reposer un cadre, des balises, être toujours bienveillant et à l'écoute sans pour autant jouer au parent-copain, ce que nous ne faisons jamais cela dit. Il y a quelques jours l'affrontement a eu lieu, chéri-chéri a demandé à Petit Ado de se chausser et ils sont sortis, nous étions à table, il venait de déborder un fois de plus. Nous avions bien entendu discuté de tout cela au préalable et avions même réfléchi au contenu du message, histoire que les propos soient constructifs et pas juste sous l'effet de la colère.
La crise est inévitable pour l'adolescent et mieux vaut qu'elle se produise à l'adolescence plutôt qu'à 18-20 ans en remettant en question leur choix quant aux études ou une direction jugée trop influencée par les parents ou même pire plus tard une fois en couple avec des enfants. Petit Ado a pleuré, n'est évidemment pas d'accord sur tout ce qui a été dit et n'a peut être même pas intégré toutes les informations. Mais une chose est sûre il sait que son beau père, même s'il n'est pas idéal à ses yeux (et ne le sera d'ailleurs jamais puisque c'est papa l'homme parfait) est là pour lui et le sera toujours, qu'il n'est en rien responsable de la mort de son papa, qu'il est un enfant et ne pourra jamais prendre la place de son papa ni celle de son beau-père, et qu'il a intérêt à revenir à des sentiments meilleurs s'il veut que les choses se passent mieux entre eux.
Les choses ont été dites et devront l'être de nouveau c'est certain, on ne règle pas tous les problèmes en une seule et unique discussion mais nous avons déjà avancé, depuis Petit Ado est bien plus agréable et attentionné envers son beau-père, il souhaite même avoir une sorte de "droit de réponse" pour clarifier certains points évoqués lors de leur "entrevue". Communiquer c'est tout ce que je leur souhaite.