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J'ai toujours entendu dire que pour développer l'estime de soi les enfants avaient besoin de savoir que ce qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font est important, que cela compte. Cela dépend donc en premier lieu de nous parents, puisque nous sommes leurs premiers référents. C'est à nous de trouver les mots et d'avoir le comportement adéquats pour que nos enfants puissent développer leur estime.
Cela passe inévitablement par le respect évidemment, il faut écouter attentivement un enfant pour qu'il se sente pris au sérieux mais aussi les encouragements à persévérer, à affronter des situations nouvelles, difficiles et les féliciter quand ils y arrivent. Il est primordial également de leur faire des commentaires positifs dès lors qu'ils maitrisent quelque chose de nouveau, ce qui leur apprendra à être fiers d'eux même. Et bien sûr leur expliquer que l'échec, les erreurs fait partie intégrante de l'apprentissage et que ce n'est pas grave.
Mon fils ainé a eu dès son plus jeune âge un manque de confiance en lui ET d'estime de lui. Deux choses bien différentes et bien handicapantes aussi d'ailleurs pour avancer sereinement dans la vie. Il ne se sentait ni capable ni estimable. C'est une chose que je n'ai jamais comprise étant donné l'éducation et l'attention qu'il a reçu, de la part de son père comme de la mienne. C'était l'une de nos priorité quand il est né. Il était hors de question qu'il se sente comme moi (manque de confiance) ou comme son père (manque d'estime). On a oeuvré dans le bon sens, on a agit comme il fallait, à priori en tout cas.
Quand nous avons commencé à consulter pour son problème de trouble de l'attention on a évoqué ce sujet, les pédopsy nous ont tous dit que cela n'avait rien à voir avec nous qu'il pouvait avoir développé un manque d'estime tout seul. Un comble à mes yeux quand on sait tous les encouragements, félicitations et compliments qu'il a pu recevoir de notre part. Un comble et une grosse frustration aussi puisque malgré notre comportement il manquait d'estime de lui.
Il ne se sentait ni capable ni estimableEn primaire quand il rentrait et me racontait parfois ce que certains camarades avaient pu lui dire ou la façon dont il s'était fait rejeter (son TDAH ne l'aidait pas à avoir toujours de bonnes relations avec ses camarades même s'il avait des copains) je ne comprenais pas pourquoi il avait laissé dire ou faire. Avec son petit frère (6,5 ans de différence) c'était pareil il n'osait pas l'envoyer promener, et s'affirmer tandis que Petit Loulou n'hésitait pas une seconde, lui. Avec moi il n'osait jamais dire "non". Mais tout cela n'était pas bien méchant. Au collège ce fut différent, là pour le coup je ne pouvais pas concevoir qu'il se laisse "bousculer" ou "insulter" par d'autres. Attention il n'a jamais été harcelé ou le bouc émissaire de qui que ce soit mais il s'est parfois fait rentrer dedans comme ça arrive au collège entre garçons.
La fois de trop fut le jour où un camarade de classe, au collège, lui a mis une olive, là j'ai vu rouge. Il m'a raconté ça sans aucun sentiment de colère, il était impassible, comme s'il me parlait d'une simple bousculade alors qu'il n'arrivait plus à s'asseoir. Il s'est d'ailleurs avéré en allant chez l'ostéo que son coccyx était fêlé. Il avait subit sans aucune réaction, ce n'était pas si grave. Nous n'avons pas porté plainte mais averti le collège et demandé à être remboursé de la consultation de l'ostéopathe. Un moindre mal quand on sait que récemment un lycéen a été condamné pour la même chose.
C'est à force de discussion avec lui qu'il a finalement compris que ce geste était loin d'être anodin, que c'était une violence faite à autrui, que cela pouvait peut être même s'apparenter à une agression sexuelle (et c'est le cas mais ça je ne le savais pas à l'époque). Il ne pouvait pas continuer à se laisser faire, qu'il devait se faire respecter, que son corps lui appartenait et que personne n'avait à le toucher ou lui infliger quoi que ce soit. Que pour se faire respecter il fallait qu'il se respecte lui même. Et c'est là que je me suis rendue compte à quel point ce n'était pas le cas. J'en ai chialé.
Il ne pouvait pas continuer à se laisser faireTout ce qui l'intéressait à ce moment là était que je ne fasse pas de vagues pour ne pas lui causer du tort. J'étais sidérée. Je ne comprenais pas pourquoi il n'avait pas rétorqué, "sauté à la gorge" du camarade-agresseur "Mais il est plus grand que moi", m'a t-il répondu. C'est ce qui m'était arrivé une fois au collège, à son âge, j'avais eu comme une réaction épidermique, sans réfléchir, naturellement je m'étais défendue et j'avais frappé. Mais tout le monde ne réagit pas de la même façon, mon fils ainé est un pacifiste, il manque d'estime ET de confiance.
Après réflexion avec chéri-chéri, nous avons décidé qu'il serait judicieux pour lui de faire un sport de combat. Pour prendre confiance, l'estime serait à travailler autrement. Il a choisi le karaté et très rapidement il s'est senti plus fort, capable de se défendre si on revenait l'ennuyer "regarde maman je pourrais faire ça avec mes avants bras". Il avait appris des trucs qui le faisaient se sentir à la hauteur. Pour le reste c'est la psychologue qui s'y est collée.
Aujourd'hui j'ai un ado de 15 ans qui est fort physiquement et se sent plus fort mentalement. Il s'est affirmé, il sait désormais qu'il vaut quelque chose, tout autant que celui qui est en face de lui. Il sait répondre quand quelque chose ne lui convient pas (parfois un peu trop maintenant mais je ne vais pas m'en plaindre), faire face quand son frère abuse et rétorquer si quelqu'un le cherche. Il n'est pas pour autant devenu bagarreur, il préfère de loin régler les choses en parlant mais osera affronter un camarade-agresseur si cela devait se reproduire. Il n'acceptera plus qu'on lui marche sur les pieds, c'est une victoire !